F) Conclusion


La gravure « Melencolia 1 » de Albrecht Dürer a suscité de nombreux travaux quant à sa signification.
On a ainsi des interprétations élaborées de caractère philosophique, psychanalytique, alchimique, magique, sociologique, théologique, astrologique...
Ici, on a isolé le problème posé par le polyèdre. Après l'étude géométrique, la réalisation d'un exemplaire de ce solide et de son dual, un regard vers les polyèdres réguliers et la cristallographie, on peut suggérer quelques remarques.
 
En premier, la précision du dessin du polyèdre est étonnante ; à l'époque de Dürer la théorie de la perspective était à peine assez avancée pour permettre la représentation dans cette position où l'axe de symétrie est vertical (le polyèdre repose sur une face triangulaire obtenue après avoir tronqué le rhomboèdre). Le soin apporté à cette partie de la gravure témoigne de l'importance attachée à sa signification. A la Renaissance, la géométrie aide à l'emprise humaine sur le monde physique ; à penser un ordre du monde.
 
Pierre brute – Pierre taillée ; une image très présente dans la philosophie occidentale depuis l'antiquité.
Dans cette gravure, les outils de métier jonchant le sol rappellent des moyens d'obtenir un objet reflet des aspirations du réalisateur. Le résultat, le polyèdre, est à la fois présent dans sa matérialité et dans le processus qu'il suggère.
Dans ce sens, Plotin (205 – 270) dans la première Ennéade, nous donne ce conseil  :


"... fais comme le sculpteur d'une statue qui doit devenir belle, il gratte, il polit ; comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui est oblique, nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant et ne cesse de sculpter ta propre statue."

Une énigme : le détachement palpable du personnage du premier plan pour ce polyèdre.

Le Pentagone de Dürer